Solstices et équinoxes sidéraux

solstice d'hiver 2018

Jours, nuits et années


En astrologie comme dans la vie courante, les équinoxes et solstices sont bien connus. Le 21 décembre le soleil fini sa course vers le sud. Il avait commencé sa course vers le sud le 22 juin, au solstice (ayana en sanskrit) d'été. Puis vers le 22 septembre il était passé au sud de l’équateur, dans sa course sur l’écliptique. Maintenant, la moitié de l’année est passée, et il est temps de stopper cette descente. Il va donc le 21 décembre stopper puis lentement remonter vers le nord, phénomène du solstice d’hiver. Solstice, du latin solsticium signifie SOL, le soleil, « au moment où il demeure immobile”, en effet il ne va ni au nord ni au sud à cet instant.
Vers le 21 mars, le soleil traversera l’équateur pour marquer le début de l’année physique. En Perse, ceci marque le début de l’année, l’équinoxe de printemps (visuva ou vishuva en sanskrit, nuit égale au jour). Ce passage du sud au nord marque le premier mois dans le calendrier, panchanga indien. L'intersection entre les cercles de l'équateur et de l'écliptique définissant l'équinoxe.
Plusieurs étymologies du calendrier français et anglais montrent que cette date du 21 mars était auparavant aussi le premier jour de l’année. Septembre signifie 7, 7eme mois après le premier mois de mars, Octobre 8, le 8eme mois après mars. Novembre est le 9eme, et décembre le 10eme. Cette correspondance mois- nombre a disparu avec l’avènement du calendrier Grégorien, le 12 oct 1582. Elle prouve qu'auparavant le calendrier romain débutait en mars et était fondé sur la croix des équinoxes et solstices. Le calendrier moderne occidental a perdu ses correspondances astronomiques et astrologiques pour cela, et pour la date de début de l’année.
Vers le 8 et 9eme siècle après JC, les astrologues européens et du Levant ont commencé à adopter le zodiaque que Ptolémée recommandait en 150 après JC, qui était fondé sur le passage au nord du soleil traversant l’équateur le 21 mars, zodiaque dit tropique.
Mais en Inde, l’astrologie ne suit pas ces équinoxes et solstices bien déterminés que tout le monde connait. Le début de l’année nirayana, sidérale en Inde, est vers le 14 janvier. Cette date n’a aucune correspondance astronomique!! Il ne se passe rien dans la course du soleil au nord, il a déjà commencé sa course nordique 3 semaines plus tôt et il n'y a aucun changement de direction, comme il arrive le 21 décembre quand le soleil cesse d’aller vers le sud et repart au nord, ou quand il traverse l’équateur le 21 mars. A l'équinoxe du 14 avril, les nuits ne sont pas égales aux jours.
Cette date est pourtant cruciale car elle marque non seulement le premier mois, mais le premier signe, et le premier nakshatra du zodiaque nirayana. Que ce passe t il ?? Pourquoi parle-t-on dans les Siddhantas de l’équinoxe si elle n’est pas tropicale, car les anciens savaient pertinemment que les égalités de jours et de nuits ne se produisent pas le 14 avril ?

Une lecture du Surya Siddhanta, lequel donne les fondements astronomiques et astrologiques de l’Inde, a besoin d'être soignée, et se faire loin des traductions rapide des ordinateurs. Les Purânas sont en accord avec ces définitions.
Voici le shloka 13, chap 1 du SS, d’abord en anglais, nous allons voir comment la précision de la traduction est vitale pour comprendre ce que dit la SS.
E. Burgess traduit d’abord la Surya Siddhanta :

13.... A lunar month, of as many (30) lunar days (tithis) ; A solar (Saura) month is determined by the entrance of the sun into a sign of the zodiac: twelve months make a year. This is called a Day of the God. Un mois lunaire a autant (30) de jours lunaires (tithis); Un mois solaire (Saura, solaire) est déterminé par l'entrée du soleil dans un signe du zodiaque. 12 mois font une année. Ceci s'appelle un Jour des Dieux.

Autre traduction, Vinay Jha :
 « Saura māsa (solar month) is the duration between two samkrāntis (transitions into rāshis), and twelve such saura months constitute one Saura Varsha, which is called one Divya Dina (plus night)". Un mois Saura (solaire) est la durée entre deux samkrantis (Ingres entre deux signes), et 12 mois Sauras constituent une année Saura, nommée un Jour Divya (=divin) (plus une nuit).

Voici une autre traduction de Bapu Deva Sastri :
13. Thirty lunar days make a lunar month, and a solar month is the time which the sun requires to move from one sign of the zodiac to the next. A solar year consists of 12 solar months; this is called a day of the Gods. 30 jours lunaires font un mois lunaire, et un mois solaire est le temps pour le soleil d'aller d'un signe du zodiaque à l'autre. Une année solaire consiste en 12 mois solaires, ceci s'appelle un jour des Dieux.

Une lecture littérale de tous ces textes nous font penser à une simple définition de trente jours formant un mois, et 12 mois forment une année, évidence que tout le monde connait depuis l'enfance.

Cependant l'expression finale est : Jour des dieux (traduction Burgess et Bapu Deva S.) Jour divin (Vinay Jha). A coté du texte, Bapu Deva S. a laissé une note définissant le passage : Le Mois solaire et lunaire, et le Jour Divin. Nous sommes en présence des mêmes définitions astronomiques contenues dans les Purânas. Un jour des Dieux est ainsi définit comme 12 mois, ou 365 jours humains.

Ce verset définit clairement Le jour des Dieux, ou Jour divin, de 12 mois ordinaires. Toutes les définitions des yugas des Siddhantas sont fondées sur ces Jours et années Divines. Pourquoi dirait-on un jour « Divin », si c'est la même chose qu'un jour ordinaire ? Des textes comme la SS sont extrêmement compacts et les mots sont choisis délibérément et avec parcimonie.

Srimad Bhagavatam confirme ces durées :
The time that the passage of the sun takes moving through both the spheres above and below, speeding slow, fast or moderate, is in the descriptions of the scholars discussed as a samvatsara [a solar year], a parivatsara [one twelfth of a revolution of Jupiter], an idâvatsara [a day of the gods consisting of 360 solar days] an anuvatsara [a lunar year comprising twelve lunations] and a vatsara [a year to the ecliptic in terms of the 27 lunar mansions or nakshatras, see also 3.11: 14].
« La durée du passage du soleil à travers les deux spheres au dessous et au dessus, a 3 vitesses, lente, vite ou modérée, existe chez les descriptions des érudits, décrite comme un samvatsara (année solaire) ….. un idavatsara (un jour des dieux qui consiste en 360 jours solaires)....

Voici une traduction de Vinay Jha citant les Puranas :
Koorma Purāna ch-5 verset-6 : "six (mānusha māsas) make up one ayana, two ayanas uttara and dakshina make one year dakshina ayana is night and uttara (ayana) is day of gods."
6 mois manushas font un ayana, 2 ayanas Uttara et dakshina font une année, dakshina ayana est la nuit et uttara (ayana) est le jour des dieux.

Vishnu Purāna, Chapter-5, : Verse-9 defines "mānusha" measure, which is then used to define divya day in verse-10 (ch-3 of first amsha) , which is an exact replica of Koorma Purāna's verse cited above
Le verset 9 a défini manusha comme un mesure, qui est ensuite employée pour définir le jour divya au verset 10 (chap 3 de la premiere partie), réplique exacte du Koorma Purana plus haut.


Solstices et Équinoxes

En sanskrit Uttarāyana et Dakshināyana sont les mots choisit pour solstice du parcours au nord, ou parcours sud, respectivement.   Ils indiquent une division de l'année en 2, Uttarayana étant la période de 6 mois quand le soleil progresse au nord depuis le solstice d'hiver, dakshinayana étant la période de 6 mois ou il progresse au sud depuis le solstice d'été vers celu du nord, moitié hivernale de l'année.   Ces solstices puraniques ne sont pas les mêmes que nos solstices humains les 21 juin et décembre, phénomènes terrestres et visibles avec nos sens, avec nos yeux.

On a vu l'existences de périodes humaines ordinaires et d’autres périodes Divya célestes, sidérales, on comprend un peu ce qui arrive avec les solstices et équinoxes. Ceux-ci correspondent aux levers et couchers du soleil Divin, décalés de + ou – 27 degrés par rapport aux mêmes solstices terrestres. Sous Moola le soleil sayana tropical est à 27 degrés avant le samkranti tropical du solstice d'hiver et va définir un solstice divya invisible et non mesurable avec nos sens et nos instruments.
Ce nombre de 27 est celui de la Trépidation de l'ayanamsa original qui oscille a un maximum de +27 à -27 degrés par rapport au point vernal sur une période de 7200 ans. Présentement il est à -22 degré. Cet ayanamsa véritable  siddhantique s'appelle Sampat Chalana (Sampat=intersection, parfois nommé précession anomalistique) en opposition avec l'ayanamsa précessionnel moderne déconnecté de la tradition qui s'appelle lui ayana chalana (progression du solstice).
Pour des explications sur la nature des équinoxes et solstices, Vinay Jha cite Vayu Purana, Chap 50, verset 130, puisqu'aucune distinction évidente n'existe dans le texte SS.  Je ne retransmets ici que son commentaire puisque sa page web cite le texte original sanskrit sans traduction, mais une simple recherche internet vous donnera cet original avec le facsimilé sanskrit ainsi que le reste du commentaire:

Verse-130 states that Sun's path during the Uttarāyana is called Nāgaveethee, and Sun's path during the Dakshināyana is called Ajaveethee. When Sun rises in three nakshatras from moola to (poorva and uttara) āshādha, it is ajaveethee, and when the Sun rises in three nakshatras from Abhijit (i.e., Abhijit or Shravana or Dhanishthā), then it is Nāgaveethee.
What does it mean ? Uttarāyana and Dakshināyana are here defined not in terms of human Sunrise or Sunset, but divine Sunrise and Sunset. Divine Sunrise occurs when sāyana Sun has longitudes from -27 deg to +27 deg with respect to the mean reference point 270 deg for Mean Divine Sunrise or Uttarāyana-onset, i.e., from 243 deg (Moola) to 297 deg (Uttarāshādha) which is an evidence of both pendulum like motion of Dhruva as well as of trepidating ayanāmsha known as Dolāyana in contrast to circular motion of modern concept of ayanāmsha known as chakrāyana.

“Le verset 130 établit que le parcours du soleil durant l'Uttarayana (au nord) s'appelle Navavithi et que ce parcours solaire durant Dakshinayana (au sud) s'appelle Ajavithi. Quand le soleil se lève dans les 3 nakshatas de Moola à (poorva ou uttara) Ashada, c'est Ajavithi, et quand le soleil se lève dans les 3 nakshatras depuis Abhijit (Abhijit ou Sravana ou Dhanishtha) c'est alors Nagavithi.
Qu'est-ce que cela signifie ? Uttarāyana et Dakshināyana sont ici définis non en termes de Lever et Coucher humain, mais en termes de Lever et Coucher Divin. Le lever solaire se produit quand le soleil sayana (tropical) a une longitude de -27 à +27 degrés en relation avec le point de référence moyen 270 deg (=0 capricorne), pour le Lever Divin moyen ou entrée dans Uttarayana, soit de 243 deg (Moola) jusqu'à 297 (Uttarashada). Ceci montre l'évidence du mouvement de pendule de Dhruva, joint à l'ayanamsa par trépidation nommé Dolayana, en opposition au mouvement circulaire qui est la conception moderne de l'ayanamsa de précession, nommé Chakrayana.   V.J.”

En somme les Purânas suggèrent à la fois des solstices et équinoxes Divins détachés des mêmes solstices et équinoxes humains ou terrestres, et aussi l'usage de l'ayanamsa traditionnel par trépidation du Surya Siddhanta (cet ayanamsa pour lequel j' ai composé un long article sur mon site https://pjtou.github.io/AyanamsaFR.html)

Vinay Jha indique que les degrés précis ne sont pas donnés dans le Vayu Purana. Cependant le calcul du samkranti sidéral (ingres sidéral) au capricorne à 270 degrés, lié avec le samkranti sayana (tropical) de 243 à 297 deg (soit de Moola aux 2 Ashadas) est clair, preuve étant que les ayanamsas par précession modernes n'atteignent ni -27 deg ni ne peuvent atteindre +27 degrés de décalage par rapport au point vernal tropical,  le déplacement par oscillation de l'ayana à l'intérieur de 3 nakshatras n'est pas possible avec l'ayanamsa par précession !

L'équinoxe divya commence donc au samkranti de mesha, bélier, le 14 avril, soit le passage vers le nord du soleil dans sa course éclipticale, et 6 mois plus tard viendra l'équinoxe divya du parcours sud du soleil.  

Uttarayana sera le solstice du Lever Divin qui oscille soit depuis Moola et les 2 Ashadas quand il possède ce nom distinct de Ajavithi.  Le lever divya ou Divin est donc hivernal à nos époque, pourrait-on dire.   A notre époque l'ayanamsa est négatif et il se produit après le solstice tropical.   Mais dans l'antiquité (avant 499 après JC, année ou ayanamsa =0), l'ayanamsa était positif, le solstice se produisait avant le solstice tropical, était nommé Nagavithi, lorsque l'ayanamsa était de 0 à +27 degré par rapport a 0 capricorne tropical.  Les anciens répertorient 2 sortes de solstices, ce qui ne pourrait arriver avec un ayanamsa moderne !

En résumé, ces textes montrent plusieurs techniques essentielles de la tradition astrologique siddhantique et puranique-védique:

1) des Jours et nuits Divins correspondant à une année terrestre humaine ou 12 mois terrestres. 

2) des Solstices et Équinoxes Divins situés à une distance oscillante jusqu'à 3 nakshatras éloignés par rapport au point vernal ou aux solstices sayana (tropique)

3) la confirmation de l'ayanamsa siddhantique par Trépidation, ce même ayanamsa que les scientifiques, à partir des commentaires du Révèrent Ebenezer Burgess en 1860, de formation scientifique, ont affirmé étant une approximation erronée, par ignorance de la cosmologie ancienne contenues dans les Puranas.

4) L'intégration de toutes les techniques de cette cosmologie ancienne siddhantique divya (divine) en un tout cohérent , invisible avec les conceptions induites par les instruments modernes, correspondant à une vision spirituelle du cosmos, ou les planètes sidérales, leurs orbites sidérales, leurs points de départ, ne sont pas terrestres, mais conçues et intégrées avec les grandes périodes des Yugas et Kalpas identiques dans les Siddhantas anciens et les Purânas, eux-mêmes nullement en contradiction avec les Védas.


Pierre Touchard,
solstice d’hiver 2018